Les “Rencontres Prescrire » à Toulouse cette année portaient sur une thématique sociétale large : la médicalisation et médicament-isation de la société. Cela signifie que des comportements ou des aspects de la vie qui, auparavant, ne faisaient pas partie de la médecine deviennent des problèmes médicaux avec, autant que possible, une solution appropriée, de préférence un médicament. Comment lutter contre cette ascension? Farmaka y a assisté et vous dévoile les coulisses de trois ateliers proposés…
Le premier atelier auquel Farmaka a participé portait sur ce que représente le fait d’arrêter un traitement. On en retient notamment de la phrase «la déprescription c’est dès la prescription ». Bref, dès le début, il faut penser à arrêter.
Lors d’un deuxième atelier, nous nous sommes interrogés sur les raisons pour lesquelles un médecin peut prescrire de manière non rationnelle. Une partie peut être expliquée par certaines circonstances : des salles d'attente surchargées, un patient qui exige de repartir avec une ordonnance, la volonté d’atteindre certains objectifs, des logiciels peu efficaces ou des difficultés à prescrire en DCI. D'autres facteurs sont plus axés sur le savoir : ce que lit le médecin, les éventuels vieux réflexes pour la prescription, l’influence des visites de représentants médicaux commerciaux, les sources qu’il considère comme fiables, la possibilité de discuter de ses prescriptions avec d’autres, etc. Enfin, des facteurs plus psychologiques peuvent également avoir un impact: le déroulement de la relation thérapeutique avec le patient, les tracas personnels du médecin ...
Le dernier atelier auquel Farmaka a participé avait pour sujet la dépendance, et surtout la manière de faire face à la demande de psychotropes et de médicaments contre la douleur. Tout d'abord, il ressort que la dépendance est un résultat malencontreux d’une recherche de solutions à un problème. L'une des clés pour discuter de l'arrêt est de remettre au centre de la conversation l’intention de départ lors de la mise en place du traitement, le problème d’origine (insomnie, maux de dos) et d’évaluer si cela a évolué. Le patient et ses problèmes sont alors le sujet central, et pas le médicament. Une autre voie pourrait également consister à déterminer si le patient n’essaie pas de résoudre un autre problème via cette dépendance (l'anxiété, la dépression, des situations familiales difficiles ...).
Ces ‘Rencontres Prescrire’ étaient l’opportunité pour les professionnels de la région d'échanger sur leurs pratiques et de découvrir les nombreuses recherches et projets. Farmaka a suscité beaucoup d'intérêt, que ce soit au sujet du Formulaire, du projet des visiteurs médicaux indépendants, etc. Nous pouvons certainement utiliser ce que nous avons appris et l'appliquer! Une expérience riche pour Farmaka qui souhaite bien sûr beaucoup de succès à ses collègues français pour l’évolution des projets EBM.